II – Promenade à Marquèze

L’EMOTION DU PIGNADA

Le sentier sablonneux s’engageait dans le sous-bois en laissant de côté le mouvement du pavillon d’accueil. L’accordéon et la cornemuse landaise résonnaient sous les premiers pins. Nous étions quasi seules sur la montée du tertre. Nous n’avions jamais joué dans une forêt. Pas un bruit, pas une nuisance. Une acoustique de monument sacré déferla  sur nos têtes : le pignada nous renvoyait sa sérénité, son hospitalité, lui, qui accueillit cette musique il y a déjà bien longtemps. Ce moment partagé avec la nature suscita une vive émotion.

Alors, en descendant nous avons chanté des rondes de neuf pour jouir un peu plus longtemps de cet état d’exception. Les voix montaient dans les frondaisons et surprenaient les visiteurs qui nous découvraient au détour du chemin.

Nous avons déambulé ainsi jusqu’à la rivière. Le lit nous attira en bas du moulin où le meunier expliquait son métier. Nous avons chanté les pieds dans l’eau, le son ricochant sur les murs de la bâtisse. Nous formions un tableau vivant, un environnement musical qui se fondaient dans les recoins de Marquèze.

Et ainsi, par ci, par là, les promeneurs intrigués ou charmés croisaient nos chansons de danse en parler noir. Les gascons intéressés par la langue fouillaient leur mémoire pour retrouver leur pâtois. L’arrière saison plus tranquille amène plutôt des gens de proximité.

Dans l’après midi ensoleillée, se poser à l’auberge fut le moment plaisir où les voix s’envolent autour d’un verre bien frais. Les fantaisies polyphoniques se délièrent et le public attablé apprécia le moment.

La dernière animation s’acheva juste avant le départ du train. La farandole du « Cauderot si luue » prit le chemin du quai à grande vitesse. Dans le wagon, les filles du Larèr épuisèrent leur répertoire jusqu’à la gare de Sabres, jamais fatiguées du bonheur de chanter ensemble.

Prochain épisode : le 16 octobre avec le tournage des clips au pavillon de l’exposition Félix Arnaudin.